Dormition de la servante de Dieu Eleni Presbytera (24/09/2024)

Métropolite Athénagoras de Belgique

Monseigneur,

Excellence Monsieur l’Ambassadeur,

Vénérables Pères,

Chère famille,

Frères et sœurs dans le Christ,

Lors de la dernière Cène, alors que le Christ entrait dans les jours tragiques de sa souffrance, le Seigneur a dit à ses disciples: « Si vous m’aimiez, vous vous réjouiriez que je m’en aille vers le Père ». À la suite de cette parole, l’Église chante aujourd’hui, pleine de foi et d’espérance: « Heureux le chemin qui s’ouvre à toi, ô âme humaine, car un lieu de repos t’a été préparé ».

Le chrétien est une personne qui attend. Le Seigneur nous dit dans l’Évangile: « Tenez vos reins ceints et vos lampes allumées! Comportez-vous comme des gens qui attendent le retour de leur seigneur, qui est aux noces, afin que, lorsqu’il arrivera et frappera, vous lui ouvriez aussitôt » (Lc 12, 35-36). Peu de textes révèlent aussi parfaitement le sens et l’orientation profonde de la vie chrétienne.

Le but de la création est la déification de l’homme et de l’univers. Toute l’économie du salut, l’œuvre rédemptrice du Christ, l’action sanctifiante de l’Esprit Saint, sont conçues pour ramener l’humanité déchue au but pour lequel elle a été créée: c’est-à-dire à la plénitude de la déification. Mais c’est par le retour du Christ – que nous attendons – que l’accomplissement suprême du plan de Dieu sera réalisé.

L’essence du message chrétien est l’annonce de la résurrection, le passage d’une vie de souffrance et de mort – conséquence du péché humain – à une vie nouvelle et immortelle. La possibilité de passer à la vraie vie a été réalisée, fondamentalement, par la résurrection du Christ, qui est passé de la mort à la vie pour nous. La mort a donc déjà été vaincue, la vie a déjà triomphé. Mais il faut que chacun de nous, tout au long de sa vie, et l’Église tout au long de son histoire, s’approprient ce passage, qu’ils renaissent dans le Christ – ou plutôt que le Christ revive en eux. Cela n’est possible que si nous le voulons nous-mêmes, si nous nous ouvrons pour que la grâce divine puisse agir en nous. La Parousie du Christ, son retour glorieux à la fin des temps, manifestera tout ce qui était virtuellement contenu dans la Résurrection du Christ, en impliquant tout son Corps, qui est l’Église, dans son triomphe final sur le péché, la souffrance et la mort. Telle est l’espérance de l’Église et sa certitude fondamentale.

Il est donc clair que le sens de la vie et de la mort est très étroitement lié dans l’Église orthodoxe.  On ne peut imaginer la vie sans la mort, et vice versa.  Mais on ne peut pas non plus imaginer la mort sans y inclure immédiatement la résurrection.

Après tout, toutes nos vies sont ancrées dans la vie, la mort et la résurrection du Christ. Ainsi, le « sens » de la vie, l’ »espérance », la « foi », la « mort » et la « résurrection » ne sont pas des concepts vagues.

Si nous sommes réunis ici aujourd’hui, c’est d’abord pour prier pour la paix éternelle de l’âme de la presbytera Eleni et pour le pardon de ses péchés. En fait, pour le salut de son âme. Mais le salut de l’homme passe par une relation personnelle avec Dieu. Cette relation personnelle entre Dieu et l’homme est vécue de manière particulièrement intime dans la vie sacramentelle de l’Église et de manière prééminente par notre participation régulière et entière à l’Eucharistie. L’homme ne devient pas chrétien en se contentant de suivre quelques règles et de mener une vie sociale. Il devient chrétien lorsqu’il s’humilie et se convertit, lorsqu’il parvient à dépasser son égoïsme et s’ouvre au Christ, et surtout lorsqu’il décide d’imiter le Christ, en prenant sa croix, en renonçant à lui-même et en vivant le commandement du Christ. Ce commandement du Christ – qui est identique à la vie éternelle – n’est autre que le double commandement de l’amour: l’amour pour Dieu et l’amour pour son prochain.

C’est ce qui caractérise notre chère presbytera Eleni! Elle était sans aucun doute une personne qui aimait profondément Dieu et ses semblables. Elle a pu grandir dans un nid chaleureux! Quoi qu’il arrive dans sa vie, elle savait mettre toute sa confiance en Dieu. Cette confiance, elle l’avait héritée de ses parents qui l’avaient élevée chrétiennement et avaient su l’entourer d’amour et d’affection. Mais c’est surtout aux côtés de son mari, le père Georges, qu’elle a pu intensifier son être chrétien; pas seulement avec lui mais en famille, avec leur chère fille Naya. Leur famille devenait une petite église.

Leur christianisme fait qu’ils ne font qu’un! Quand on parlait de père Georges, on pensait immédiatement à Eleni, et inversement, quand on parlait d’Eleni, on parlait aussi de père Georges. Ils formaient un couple très amoureux, avec un éventail d’activités communes bien défini. Ensemble, ils étaient très fiers de leur fille.

Presbytera Eleni aimait beaucoup sa profession et a pratiqué le métier de dentiste jusqu’à tomber malade. Mais c’est surtout sa chaleur humaine qui a marqué ses visiteurs.

Nous prions aujourd’hui pour le salut de son âme. Cependant, nous savons que presbytera Eleni a reçu la grâce de Dieu! Il suffit de rappeler les paroles de l’apôtre Paul, qui parle des fruits de l’Esprit dans sa lettre aux Galates: « Le fruit de l’Esprit, c’est l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bienveillance, la confiance, la douceur, la maîtrise de soi. (…) Ceux qui appartiennent au Christ Jésus ont crucifié la nature pécheresse, avec ses passions et ses convoitises. Si nous vivons de l’Esprit, comportons-nous aussi selon l’Esprit ». Tels sont les fruits de ceux qui vivent une véritable vie en Christ.

Au nom de notre Saint Archevêché, permettez-moi de vous exprimer, cher père Georges et Naya, mes sincères sentiments de sympathie et de compassion, et l’assurance que nous prions et continuerons à prier pour la paix éternelle de son âme, afin que Dieu prenne sa fidèle servante dans son Royaume. À chaque Divine Liturgie, nous nous souviendrons particulièrement d’elle: il n’y a pas de mur de séparation entre les vivants et les défunts.

O inoubliable presbytera Eleni, tu as été fidèle à la mort et tu es maintenant dans l’éternité. Tu rencontreras Celui qui te dira: « Heureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru » (Jean 20,29). Maintenant, continues à marcher sur la route, accompagnée par les prières de l’Église. Nous prions pour que Dieu, qui est le maître de la vie et de la mort, emmène ton âme dans le lieu des vivants et dans les tentes des justes. Le Christ est ressuscité des morts et a donné la vie à ceux qui sont dans les tombeaux!

Que ta mémoire soit éternelle!

Vinciane Debruyne

Past Chef de service dentisterie des Cliniques de l’Europe STE – SM

Chère Eleni,

C’est avec beaucoup d’émotions que nous sommes présents aujourd’hui, à tes côtés et aux côtés de ta famille.

L’annonce de ton décès m’a boulversée , ainsi que toutes les personnes qui travaillaient  avec toi à l’hôpital. Nous te savions malade, mais personne ne voulait croire à l’annonce de ta disparition.

La maladie t’a  emportée beaucoup trop tôt. Tu t’es battue jusqu’au bout, en  ayant encore fait de l’humour sur ta maladie il n’y a pas si longtemps. 

Tu nous étais chère car tu étais attentionnée, souriante, dévouée, pleine d’empathie, ce qui te rendait aussi fort appréciée de tes patients.

Tu étais aussi humble, discrète, généreuse, courageuse, battante et le plus précieux pour moi, c’est que tu laissais parler ton cœur. Tu étais vraie.

Je me rappelle de ce moment privilégié que nous avons partagé quand tu es venue me rendre visite quand je n’étais pas bien. Je ne te connaissais pas depuis longtemps, mais tu es venue, avec ton grand Cœur m’apporter un souvenir de Grèce et me donner ton courage et ta force.

Aujourd’hui Eleni, nous sommes profondément triste de ton départ, mais il restera de toi, ce que tu as semé autour de toi et ce tu nous as offert. Ta présence nous a enrichie et tu resteras toujours dans nos pensées et dans nos cœurs.

À ta fille et à ton mari, nous souhaitons  beaucoup de courage , de force, de recueillement, et de paix dans cette période de douloureuse de deuil.

Merci Eleni.

père Georgios Lekkas

Fragment d’un Cahier écrit pour Eleni

4 septembre 2023

« Je me suis réveillée au milieu de la nuit, me dit-elle, et je me suis vue allongée dans le cercueil, les yeux fermés. Heureusement, il y avait des fleurs pour cacher la nudité de mon crâne ! « 

Depuis des années, elle disait qu’elle suppliait Dieu de l’emmener devant moi pour que je puisse lui « lire » l’Office pour les défunts quand elle serait  dans le cercueil. « C’est pour cela que j’ai signé pour que tu puisse devenir prêtre », me disait-elle en plaisantant.  » Penses-tu que Dieu a finalement décidé d’exaucer son vœu ? « , me suis-je demandé. « Qui sait à quelle heure elle aurait dormi avec de telles pensées ? »

Comme pour répondre à ma question, elle poursuit : « Mais je n’ai pas tardé à m’endormir, car tout de suite après, je me suis dit qu’il n’y avait pas de mauvais scénario. Soit je guéris, soit je guéris après la mort puisque le Christ est ressuscité. Donc, je ne serai jamais dans le cercueil ! ».

Je l’ai regardée extatique mais reconnaissant de la pensée réconfortante qu’elle avait reçue d’en haut. Sa réflexion avait la simplicité du pari de Pascal et je suis sûr qu’elle ne l’a jamais lu.

« Je ne veux pas te laisser seule, ni toi ni notre fille », me dit-elle aussitôt.

« Le Christ qui t’aime plus que tu ne t’aimes toi-même, Elenaki, le Christ nous aime, Naya et moi, aussi autant qu’Il t’aime », ai-je dit.

« Tu sais, à un moment où je commençais à désespérer », fit-elle une pause  en peinant à parler sous le coup de l’émotion, « il m’est venu une pensée : imagines-tu qu’il fasse si beau là où je serais alors que je serais si triste de n’être pas parti plus tôt ! »

Maintenant c’était moi que je ne pouvais plus retenir mes larmes. « Ne pleure pas, s’il te plaît », dit-elle.

« Je ne pleure pas de tristesse, je pleure de joie pour ce que tu viens de dire. Pourtant si tu es le premier qui part et que tu es si bien là-haut, s’il te plaît, n’oublie pas ceux que tu laisses derrière toi. »

« Je prierai pour vous et vous pour moi afin que nous restions toujours unis », dit-elle.

Ce soir, elle voulait parler jusqu’à ce qu’elle soit fatiguée et qu’elle puisse aller se coucher. Elle avait peur de ne pas pouvoir dormir ce soir. Nous avons lu la Prière du Soir ensemble. Après avoir terminé, elle m’a dit : « Parce que j’ai frôlé le désespoir aujourd’hui, si je me réveille au milieu de la nuit, je dois me rappeler que « l’espoir des désespérés » c’est la Sainte Vierge Marie ».

Que la Sainte Vierge Marie te protège en repos éternel Elenaki !

Office des Funérailles pour Elenoula, 2.10.23.

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