Chers frères et sœurs,

A la suite de notre Seigneur Jésus Christ, nous sommes appelés, tous, à porter notre propre croix. Comment comprendre c’est appel, ou surtout, comment l’appliquer ? Qu’est-ce porter notre croix ? Quand nous lisons attentivement l’épître de Saint Paul et l’Evangile de ce jour, nous comprenons qu’il ne s’agit pas uniquement d’accepter avec foi et confiance les difficultés que nous rencontrons dans notre vie, la maladie, les déceptions, les contretemps. C’est pourtant, je pense, la compréhension la plus courante donnée à cet appel, mais elle est incomplète, car elle réduit l’appel du Seigneur à une sorte de fatalité. Non, l’appel du Seigneur a une amplitude beaucoup plus grande.  Porter sa croix ne dépend pas uniquement de la nature des évènements qui nous surviennent, cela doit être un choix délibéré.

A cœur du mystère de la Croix, il y a le pardon. « Père, pardonnez-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font. ». Cette prière de Jésus élevé sur la Croix, adressée à son Père, nous concerne tous. Chaque fois que nous nous éloignons de Dieu en le rejetant par nos pensées et nos actes, nous sommes solidaires de ceux qui dans l’histoire ont condamné et crucifié notre Seigneur. Et Dieu, compatissant, souffrant de la déchéance de l’homme, accorde à l’homme le pardon. Il efface ainsi le péché et il guérit les blessures. Ce pardon est universel, pour tous les hommes de tous les temps.

Mais Dieu ne s’impose pas. Le pardon divin est là, à porter de main, à condition d’en vouloir. Il est à nous tous d’accepter ce pardon, que Dieu nous remette nos péchés et nous guérisse de nos infirmités. Renoncer à soi-même, porter sa croix, c’est donc aussi se reconnaître débiteur devant Dieu et devant les autres hommes. Porter sa croix c’est regarder la multitude et la gravité de ses propres péchés et demander pardon.  Porter sa croix c’est mettre notre orgueil de côté et se rendre compte que je nécessite continuellement le pardon de Dieu et des autres hommes, moi le plus petit parmi les hommes.

Je vous propose de lire un beau texte du père Boris Bobrinskoy [1] au sujet du mystère du pardon, texte dans lequel j’ai puisé pour écrire ces quelques réflexions et qui en parle de bien plus belle manière.

Amen


[1] Boris BOBRINSKOY, La compassion du Père, Les Editions du Cerf, Paris, 2000, pag. 83-93