Deux autres miracles du Seigneur Jésus-Christ, dus en partie à la foi de ses auditeurs, sont relatés dans le passage de l’Évangile de ce jour. Le premier dû en partie à la foi de la femme souffrante et le second à la foi de son père.

Dans le premier cas, la femme qui saignait a en quelque sorte exercé une violence spirituelle sur l’Homme-Dieu Jésus, puisque sa foi a suscité un miracle de sa part avant même qu’elle ait la permission de le toucher pour être guérie.

Contrairement aux autres guérisons ou même aux résurrections qui ont été accomplies par le toucher ou même simplement par la parole du Seigneur, la guérison de la femme hémorragique a été accomplie par le simple contact de la femme souffrante avec les vêtements du Seigneur.

Cette femme s’est approchée du Seigneur et l’a touché au milieu de la foule avec la ferme conviction qu’il suffisait de toucher ses vêtements pour que le miracle s’accomplisse pour elle. Le toucher de la femme qui saigne est une manifestation concrète de sa foi en l’Homme-Dieu Jésus avant même qu’il ne la voie s’approcher de lui avec ses yeux corporels.

Ce que les deux miracles du passage ont en commun, c’est la foi persévérante de celui qui souffre. Le père souffre de voir sa fille perdre son combat avec la vie, et la femme en hémorragie souffre de ses années de saignement incessant et atroce. La douleur de l’hémophile l’amène en quelque sorte à « voler » sa guérison au Christ, et la douleur du chef du Synagogue l’amène à tomber humblement aux pieds du Seigneur.

Tous les deux, à cause de leur douleur, transcendent les frontières imposées par le conformisme social afin de rencontrer le Seigneur et d’extraire son énergie divine de guérison. L’une transcende les limites du conformisme par son audace et l’autre par son humilité.

Ces deux miracles du Seigneur, comme tous ses miracles, prouvent de manière irréfutable que pour notre rencontre salvatrice avec le Christ, nous devons toujours dépasser notre zone de confort. En sortant de nos limites et par une foi persévérante en Christ aidée par notre souffrance, le Christ est « incapable » de nous refuser le miracle.

En tant que croyants, à chaque Divine Liturgie nous avons l’occasion non seulement de toucher le Corps divinisé du Seigneur Jésus, mais aussi de le goûter et de le recevoir en nous-mêmes comme Chair dans notre chair. Si nous ne faisons pas l’expérience d’un miracle à chaque Sainte Communion, cela prouve que nous allons à la rencontre du Christ sans avoir préalablement dépassé nos limites ainsi que sans une foi persévérante dans notre souffrance et inébranlable en Lui.

La souffrance ne conduit pas nécessairement à quitter nos frontières et à entrer dans le domaine divin et salvateur du Seigneur Jésus. Souvent, la douleur, au lieu de nous ouvrir à la Source de la Miséricorde Divine, nous enferme en nous-mêmes, si ce n’est qu’elle nous pousse à la renier également.

Heureux celui qui, dans sa douleur, dépasse les limites de son autonomie et se jette avec une foi inébranlable dans les bras du Christ. Celui qui, dans sa douleur, éprouvera la joie de rencontrer le Seigneur, remerciera désormais le Seigneur même pour sa douleur. Amen.

– Archiprêtre Dr. Georgios Lekkas