Quand nous commençons une nouvelle étape dans notre vie, quand nous fêtons un évènement important, nous avons l’habitude de poser un regard sur ce qui a précédé. Quand une famille accueille la naissance d’un enfant, et certainement pour un premier né, chacun se remémore sa vie antérieure. Il en est de même pour un mariage, pour la fin des études, pour un nouveau boulot, pour toute étape importante dans la vie. Nous faisons en quelque sorte un bilan de notre vie jusqu’à ce jour. Il y a les moments qui nous ont été bénéfiques et que nous nous rappelons de vive voix, et puis aussi les moments qui l’ont été moins, que nous taisons, mais que secrètement nous connaissons. En l’Eglise nous faisons la même chose. Nous le faisons ainsi à chaque Liturgie. Nous y faisons mémoire de ceux qui nous ont précédés dans la foi ainsi que de l’œuvre salvatrice de notre Seigneur. Dimanche prochain nous célébrons à l’occasion de la Nativité la Liturgie de saint Basile, qui comporte dans les prières anaphoriques un mémorial d’une beauté extraordinaire.

Nous le faisons aussi aujourd’hui, en particulier, à l’approche de la Nativité de notre Seigneur, à l’approche de la Nativité du Fils premier né parmi tous, en lisant dans l’épître aux Hébreux ainsi que dans l’évangile de Saint Matthieu des Généalogies de notre Seigneur. Nous retrouvons une même généalogie dans l’évangile selon saint Luc, généalogie qui remonte chez saint Luc jusqu’à à Adam. Elles sont différentes dans leurs compositions et expressions, mais en réalité elles expriment la même chose. Elles nous invitent à faire mémoire de ce qui a précédé à la venue du Sauveur. Ces généalogies nous rappellent ces hommes, ces femmes, ces générations qui ont attendu avec foi l’accomplissement de la promesse divine. « C’est dans la foi qu’ils moururent tous sans avoir reçu l’objet des promesses, mais ils l’ont vu et salué de loin, et ils ont confessé qu’ils étaient étrangers et voyageurs sur terre », nous dit saint Paul dans le même épitre (He 11,13). L’objet de leur promesse était le Messie, et par Lui le Royaume Céleste.  Les saints ancêtres et prophètes ont vécu le regard tourné vers Dieu, ils ont accepté sacrifices et tribulations, dans l’espérance du Salut.

En même temps, la généalogie nous évoque la beauté et la laideur de notre humanité. Beauté dans l’image qu’elle est de Dieu, laideur dans son manque de ressemblance à Dieu. Beauté quand le peuple d’Israël a été à la suite du Seigneur, laideur quand il s’en est éloigné. Beauté dans le bien, laideur dans le mal. Par ces noms il est fait mémoire de la Création, de la séparation et de la réconciliation de l’homme avec Dieu.

L’Eglise nous rappelle cela pour notre édification. Nous avons reçu une grande bénédiction en étant témoin de l’œuvre salvatrice de notre Seigneur. En même temps ce témoignage est un témoignage actif, en devenir, et ici-bas jamais à l’abri d’un retour en arrière. La foi, le fait de croire en Dieu, le fait d’avoir confiance en Dieu, est un verbe et non jamais un objectif fini et accompli. La réconciliation définitive est à portée de main mais non acquise. Plus loin nous lisons dans l’épitre aux Hébreux : « Voilà donc pourquoi nous aussi, enveloppés que nous sommes d’une si grande nuée de témoins, nous devons rejeter tout fardeau et le péché qui nous assiège et courir avec constance l’épreuve qui nous est proposée, fixant sur le chef de notre foi, qui la mène à la perfection, Jésus, qui au lieu de la joie qui Lui était proposée, endura une croix, dont Il méprisa l’infamie, et qui est assis désormais à la droite du Trône de Dieu. » (Hb 12,1-2).

C’est en Christ qu’est le sens dans notre vie, c’est en Christ qu’est notre Salut. C’est ce que les saints de notre Eglise ont compris, montré et expliqué, et c’est à Lui que nous devons nous remettre. Que la fête de la Nativité puisse être pour nous tous une occasion de faire renaître et d’accueillir avec encore plus de joie et d’enthousiasme le Christ dans notre cœur. Que nous puissions rayonner comme l’astre dans la nuit et être des témoins lumineux pour faire connaître le Christ au plus grand nombre.