La demande des fils de Zébédée pour la primauté dans la Gloire du Christ a été rejetée par le Seigneur parce qu’il s’agissait d’une demande de primauté dans Sa Gloire sans sacrifice correspondant.

La tentation des fils de Zébédée préfigure la tentation de tous les disciples du Christ dans l’histoire de son Église jusqu’à la fin des temps.

En Orient et en Occident, le sacrifice de l’Homme-Dieu est vidé de sa force et la chrétienté recule partout dans ses manifestations visibles parce que les disciples du Christ succombent en masse à la tentation des fils de Zébédée.

Il faut certainement un regard poétique inspiré par le Saint-Esprit pour voir et trouver le grand dans le petit, le glorieux dans l’humble, la beauté dans la laideur, la joie dans la tristesse et la force dans l’épuisement total. Le Christ a agi en premier et continue d’agir en nous dans l’Esprit Saint pour ce renversement poétique ultime.

Le problème, cependant, est que la plupart d’entre nous, disciples de Jésus, clercs et laïcs, résistons de toutes nos forces à l’invitation que le Seigneur nous adresse. Au lieu de rivaliser pour savoir qui sera le dernier, nous rivalisons les uns avec les autres pour savoir qui sera, sinon le premier, du moins l’un des premiers ! Nous agissons ainsi, bien que généralement à notre insu, pour restaurer l’ordre du monde que le Christ a brisé par son sacrifice sur la Croix.

Le Christ est le grand lésé non seulement parce qu’il a subi une mort injuste de la part de sa propre créature, mais parce qu’il continue à voir son sacrifice lésé par ses propres disciples quand nous ne sommes pas prêts à nous sacrifier en faveur des autres.

L’esprit d’amour sacrificiel que le Christ a apporté dans le monde est à l’œuvre en nous dans la mesure où nous nous y abandonnons sans égoïsme, sans murmure, sans retenue. Le Christ travaille en nous d’abord pour recréer notre système circulatoire spirituel et ensuite Il y envoie du sang spirituel nouveau.

Pour nous régénérer spirituellement, l’amour infini de Dieu accepte aussi notre sacrifice de nous-mêmes qui nous est imposé de l’extérieur (comme dans le cas d’une maladie, d’un deuil ou même d’un échec professionnel), mais qui ne contribue activement à notre salut que lorsque nous commençons à l’accepter avec gratitude comme s’il était entièrement volontaire.

Un vrai disciple du Christ est donc celui qui désire activement l’ouverture ultime de son être pour que la vie du Christ devienne sa seule vie. Le Christ nous adoucit souvent pour que nous sentions qu’il n’y a pas de plus grand amour que son amour, pas de plus grande adoration que l’adoration de son Nom, pas de plus grande joie que la joie de le rencontrer comme à l’heure de notre repentir sincère.

Mais la plus grande ouverture possible de nous-mêmes à Lui exige notre parfaite abnégation afin que nous puissions L’adorer même dans la plus petite de Ses créations – sans parler de tous nos frères sans exception. Le véritable disciple du Christ, en choisissant pour lui-même la position du dernier, a la possibilité d’adorer le Christ en tous. Car si nous n’adorons pas le Christ dans un seul homme, nous Lui avons fait du tort partout sur la Terre !

Par l’Archiprêtre Dr. Georgios Lekkas

30.3.2023.

Source : Antifono.gr