Pendant Son ministère notre Seigneur Jésus Christ ne s’attarde pas au milieu de gens qui ont entendu et reçu sa prédication. Car au-delà de chaque petit groupe de personne, Il savait qu’il y avait un nombre infini d’hommes qui avait aussi besoin de recevoir la Vérité. En tant que participants au Corps du Christ, c’est aussi notre vocation : semer l’Evangile, manifester la présence du Christ ressuscité d’entre les morts. Ainsi se pose la question de notre témoignage dans le monde. Comment pouvons-nous à la rencontre d’autrui être des témoins véritables du Christ ? Notre exemple est le Christ, c’est en l’imitant que nous parviendrons à semer la Parole divine. Sa rencontre avec la Samaritaine nous donne en ce sens un bel enseignement.  

La samaritaine est à l’image de ceux ou celles qui ont une foi différente de la nôtre. Les samaritains étaient considérés païens par les juifs. Le Christ ne la laisse pourtant pas de côté, Il veut l’amener à la vraie foi, Il veut la sauver et avec elle ses proches. Sa façon de l’aborder est significatif pour nous. Il a soif, il est fatigué par le long chemin en plein soleil. Lui, homme, d’origine juif, demande à elle, femme, d’origine païenne, de l’eau. Il se montre dans sa faiblesse, Il s’humilie devant elle. En l’approchant ainsi, Il rend un dialogue possible, il la met dans une disposition d’écoute. Nous voyons bien par la réaction de la Samaritaine comment peu commun il était pour elle d’être abordé de telle façon par un homme, juif de surcroît. « Comment ! Toi qui es Juif, tu me demandes à boire à moi qui suis une femme samaritaine ? ». Cette façon d’agir restaure, confirme la femme samaritaine dans sa dignité.

Le dialogue qui s’en suit est d’une intensité peu commune, Jésus élève à chaque parole un peu plus la discussion du monde matériel au monde spirituel. Il ne répond jamais littéralement aux paroles de la Samaritaine, non, Il réoriente le dialogue de la soif physique à la soif de l’âme. Il fait cela avec beaucoup de tact, de finesse, de douceur. Ainsi, en lui proposant de chercher son mari, « Va, appelle ton mari ! », sachant qu’elle n’en a pas, un mouvement en trois temps se déroule. Elle est prise d’honte de sa situation personnelle, « Je n’en ai pas », Il lui répond avec tendresse pour la réconforter, « Tu dis juste », pour ensuite laisser entrevoir la connaissance divine qu’Il possède « Tu as eu cinq maris et celui que tu as maintenant n’est pas ton mari ». Et ceci sans un ton de reproche. En agissant ainsi, le Christ gagne la confiance de la Samaritaine. Elle ouvre son cœur à l’acceptation de la foi !

Jésus nous montre par cet évangile que pour pouvoir parler à quelqu’un de la foi, il faut se présenter avec humilité. Il faut être compatissant et attentif à l’autre, et rester loin de tout reproche. Il faut confirmer la partie de vérité que notre prochain possède en lui. Ce petit peu de vérité est comme une graine à laquelle on donne de l’eau, de l’eau vivifiante, pour qu’elle puisse ensuite éclore et grandir !

Saint Silouane, à la suite du Christ, disait la même chose concernant notre approche de croyants non-orthodoxes : Si nous accusons les gens qu’ils confessent une fausse foi, ils ne vont jamais se montrer à l’écoute de ce que nous pouvons leur partager. Si au contraire nous commençons par dire qu’ils font bien de croire en Dieu et de vénérer les saints, même si nous savons que leur foi est incomplète, alors nous leur donnerons l’occasion de se mettre à notre écoute. Car c’est ainsi qu’est l’attitude de notre Seigneur.

Amen