Catéchèse sur l’Epître aux Romains, par p. Laurent

Chers frères et sœurs,

Nous sommes dans la période de jeûne et de préparation qui précède la fête de la Nativité de notre Seigneur Jésus Christ, période où l’Eglise nous invite à renforcer nos efforts pour rendre un culte agréable à Dieu. Aujourd’hui je propose un petit texte sur le chapitre 12 de l’épître aux Romains, chapitre au Saint Paul nous parle de ce culte agréable à Dieu. Le texte que je vais lire provient d’une homélie de saint Luc de Simféropol (traduit librement d’une version anglaise), sur laquelle je me suis donné la liberté de greffer quelques passages d’autres auteurs pour souligner certains aspects.

Références :

  1. https://www.johnsanidopoulos.com/2022/07/homily-for-epistle-reading-on-sixth.html?m=1
  2. Monseigneur Antoine Bloom, Homélies pour chaque dimanche, Editions Sofia, 2018, p. 61-63 et 178-179
  3. Saint Nicolas Vélimirovitch, Homélies sur les Evangiles des dimanches et jours de fête, Grands spirituels orthodoxes du XXe siècle, l’Age d’Homme, 2016, p. 399

Je vous exhorte donc, frères, au nom de la miséricorde de Dieu, à vous offrir vous-mêmes en sacrifice vivant, saint et agréable à Dieu : ce sera là votre culte spirituel. (Ro 12, 1)

Quand nous lisons des extraits d’Evangile qui racontent comment le Christ a ressuscité ou guéri le corps d’un homme, nous pensons rarement à ce que le corps humain signifie pour Dieu, qui a créé le corps humain avec amour en vue de la vie éternelle et à ce que ce corps devrait signifier pour nous. Si notre corps n’était pas précieux aux yeux de Dieu, s’il n’était pas aimé tendrement de lui comme notre âme qui est éternelle, Dieu ne nous guérirait pas et n’aurait pas soin de notre corps dans la vie éternelle, après la résurrection. (…) C’est un corps créé par Dieu, dans ce corps il a mis tout son amour. Plus encore : il s’est lui-même fait homme, le Dieu Vivant s’est lui-même revêtu de chair et nous a montré, non seulement que l’homme est ainsi créé, si grand, si profond, qu’il peut s’unir avec Dieu, devenir participant de la nature divine, mais aussi, que notre corps est capable de devenir porteur de l’Esprit, véritablement porteur de Dieu. (Extrait d’une homélie de Mgr. Anthony Bloom)

C’est là (« à vous offrir vous-mêmes en sacrifice vivant ») que le saint apôtre Paul dit que nous devons présenter non seulement nos cœurs, non seulement nos âmes, mais aussi toutes les forces de notre corps à Dieu comme un sacrifice acceptable. Comment cela peut-il être fait ? Pour accomplir, il faut avant tout toujours se souvenir des paroles du même saint apôtre dans un autre épître : « Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu et que le Saint-Esprit habite en vous ? » Il dit avec surprise : « Tu ne sais pas ? Par conséquent, sachez et rappelez-vous que vos corps, les corps des chrétiens, sont des temples du Saint-Esprit, ou plutôt devraient être des temples du Saint-Esprit. » Et si tel est le cas, alors tous les corps et tous les membres de ces corps doivent servir afin d’accomplir la volonté de Dieu pour nous. C’est Sa volonté que nous soyons saints et irréprochables. (Extrait d’une homélie de Saint Luc de Simféropol)

Méditons sur cela ; parce que souvent – si souvent – nous ne nous rendons pas compte de la beauté éternelle et de la grandeur de notre corps. Souvent, nous pensons à la mort comme à l’instant où notre âme immortelle entrera dans la vie divine, tandis que le corps tombera en poussières. Certes, il se décomposera, mais il a une vocation éternelle : il va vraiment ressusciter comme est ressuscité le Christ. Tous, nous nous tiendrons un jour devant Dieu, incarnés, avec un corps transfiguré comme le corps transfiguré du Christ, avec notre âme renouvelée dans l’éternité, et nous communiquerons avec Dieu dans l’amour, la foi et la prière, non seulement avec notre âme mais avec tout ce qui est créé. (…) Quel mystère merveilleux : le corps, qui paraît si fragile, si éphémère, passager, peut déjà appartenir à l’éternité et brille déjà la gloire des saints. (Extrait d’une homélie de Mgr. Anthony Bloom)

Comment pouvons-nous y parvenir ? Nous devons nous rappeler que nos mains ne doivent accomplir que des actes de piété, uniquement des actes visant à aider nos frères et sœurs dans le besoin. Nous devons garder nos mains de toutes œuvres impures et mortes. Nos mains ne devraient jamais commettre les actes commis par des gens qui n’ont pas peur de Dieu, des gens pécheurs, dont les mains commettent toujours de mauvaises actions, allant jusqu’au meurtre et au vol. Nos pieds ne devraient aller que là où se trouve la maison des pleurs, pas la maison de la joie et de l’allégresse. Nos pieds doivent se précipiter au secours de nos frères dans le besoin. Nos oreilles et nos yeux doivent toujours être tournés vers celui qui attend miséricorde et aide. Si nous agissons ainsi toujours et en toutes choses, alors nous serons un sacrifice pour Dieu, un sacrifice agréable. (Extrait d’une homélie de Saint Luc de Simféropol)

Ne vous conformez pas au monde présent, mais soyez transformés par le renouvellement de votre intelligence, pour discerner quelle est la volonté de Dieu : ce qui est bien, ce qui lui est agréable, ce qui est parfait. (Ro 12, 2)

L’apôtre nous exhorte à diriger toute notre vie, toutes nos actions, toutes nos paroles de manière à plaire au Saint-Esprit, afin qu’elles ne soient pas conformes à ce monde. Ces mots signifient que dans toute notre vie, nous ne devons pas écouter ni nous adapter aux opinions, désirs et aspirations des gens du monde, des gens qui ne vivent pas selon Dieu, mais selon les convoitises de cet âge, car ces convoitises sont très souvent du malin. Il n’ordonne pas que les actions du mal soient faites, il n’ordonne pas de se conformer à sa volonté, mais de se conformer à la volonté de Dieu, qui est toujours bonne et juste. (Extrait d’une homélie de Saint Luc de Simféropol)

Au nom de la grâce qui m’a été donnée, je dis à chacun d’entre vous : n’ayez pas de prétentions au-delà de ce qui est raisonnable, soyez assez raisonnables pour n’être pas prétentieux, chacun selon la mesure de foi que Dieu lui a donnée en partage. (Ro 12,3)

L’Eglise nous enseigne que nous devons éviter les paroles orgueilleuses du pharisien et apprendre les hauteurs d’humilité du publicain. Elle nous dit qu’il nous faut acquérir la vraie, l’authentique vertu ; mais si elle est pour nous un moyen de nous rengorger, il vaut mieux ne pas la posséder et même ne rien avoir du tout en dehors de la profonde conscience affligée de notre indignité devant Dieu. (Extrait d’une homélie de Mgr. Anthony Bloom)

Ne pensez pas à vous-même plus que vous ne devriez le penser ; pensez plutôt modestement, selon la foi que Dieu a donnée à chacun. A la fin de chapitre nous entendons des mots qui vont dans le même sens « Soyez bien d’accord entre vous : n’ayez pas le goût des grandeurs, mais laissez-vous attirer par ce qui est humble. Ne vous prenez pas pour des sages. » (Ro 12,16) Nous avons tous tendance à avoir une haute opinion de nous-mêmes. Nous avons peu ou pas d’humilité ; nous pensons et rêvons de nous-mêmes bien plus que nous ne le devrions. Il est pourtant nécessaire que nous ne pensions à nous-mêmes qu’en fonction de l’étendue de notre foi, en nous rappelant toujours qu’elle est faible et infiniment loin de pouvoir déplacer des montagnes. Nous devons humblement être conscient que nous sommes de peu de foi, que notre piété est petite et insignifiante. (Extrait d’une homélie de Saint Luc de Simféropol)

En effet, comme nous avons plusieurs membres en un seul corps et que ces membres n’ont pas tous la même fonction, ainsi, à plusieurs, nous sommes un seul corps en Christ, étant tous membres les uns des autres, chacun pour sa part. Et nous avons des dons qui diffèrent selon la grâce qui nous a été accordée. Est-ce le don de prophétie ? Qu’on l’exerce en accord avec la foi. L’un a-t-il le don du service ? Qu’il serve. L’autre celui d’enseigner ? Qu’il enseigne. Tel autre celui d’exhorter ? Qu’il exhorte. Que celui qui donne le fasse sans calcul, celui qui préside, avec zèle, celui qui exerce la miséricorde, avec joie. (Ro 12, 4-8)

Différents dons du Saint-Esprit sont donnés à chaque chrétien, mais un don est donné à chacun, Dieu ne laisse aucun de ceux qui croient en Lui, ceux qui tournent leur cœur vers Lui, sans les dons de Sa grâce, la grâce du Saint Esprit. Le Seigneur a déterminé pour chacun de nous telle ou telle position dans la société, assigné à chacun telle ou telle activité, car la vie d’une société chrétienne est complexe, et pour que sa vie se déroule selon la volonté de Dieu, il faut que chacun accomplisse le dessein que Dieu lui a confié, il faut qu’il multiplie dans son cœur le don de grâce qui lui a été fait de Dieu. Et les dons sont différents, tout aussi différents que les types d’activités humaines sont divers. Chaque personne se voit attribuer par Dieu sa place dans la vie – dans la vie de l’État et une place dans la vie de l’Église. Certains se sont vu confier des fonctions plus élevées, des tâches très vastes et difficiles, d’autres se sont vu confier des tâches moins difficiles, mais tout aussi nécessaires à la société et à l’Église, tandis que d’autres se sont vu confier de petites actions, ils ont été placés dans une position inférieure tant dans la société que dans l’Église. Mais quel que soit votre but dans la vie, quel que soit votre rôle dans l’Église, vous devez tous remplir ce rôle désigné par Dieu avec une conscience profonde et respectueuse qu’en accomplissant Son dessein, nous accomplissons la volonté de Dieu. Le saint apôtre, énumérant les différentes formes d’activité humaine, parle de celles qui sont si élevées qu’il ne nous est pas donné de les accomplir, et parle des moindres que nous pouvons accomplir. Ne soyez donc pas gêné s’il ne vous est pas donné de faire de grandes choses dans l’Église, si le don de guérison, le don de clairvoyance ne vous est pas accordé. Contentez-vous de la petite position que Dieu vous a donnée en tant que membre de l’Église du Christ. Et, aussi petit que soit ce don, rappelez-vous, rappelez-vous que chacun, du plus petit au plus grand, doit le remplir avec un profond respect et que son cœur doit être imprégné d’amour pour les gens. Ce n’est que lorsque toute activité des hommes sera imprégnée d’un amour sincère et profond que l’Église du Christ aura rempli son objectif élevé. (Extrait d’une homélie de Saint Luc de Simféropol)

Que l’amour soit sincère. Fuyez le mal avec horreur, attachez-vous au bien. Que l’amour fraternel vous lie d’une mutuelle affection ; rivalisez d’estime réciproque. D’un zèle sans nonchalance, d’un esprit fervent, servez le Seigneur. (Ro12,9-11)

Réjouissez-vous avec ceux qui se réjouissent et pleurez avec ceux qui pleurent. Et combien de fois nous ne nous réjouissons pas avec ceux qui se réjouissent, mais les envions : combien de fois, si notre prochain reçoit une joie inattendue, nous ne nous réjouissons pas de sa joie envoyée par Dieu à lui, combien de fois il arrive que nous ne nous réjouissions pas, mais nous envions notre prochain. Il ne devrait pas en être ainsi, nous devrions nous réjouir avec notre prochain et le Christ. (Extrait d’une homélie de Saint Luc de Simféropol)

Ne pas se réjouir pour les autres est l’une des caractéristiques les plus indignes de l’âme humaine durcie par le péché. (…) Se lamenter de la tristesse d’autrui, c’est ce que peuvent faire des vieillards pécheurs. Mais se réjouir de la joie d’autrui, seulement des enfants le peuvent, ainsi que ceux qui sont aussi innocents que des enfants. En vérité je vous le dis : quiconque n’accueille pas le Royaume de Dieu en petit enfant n’entrera pas (Mc10,15). Et qu’est-ce que le Royaume de Dieu sinon l’ensemble de tout ce qui est bien et l’absence de tout ce qui est mal ? (Extrait d’une homélie de Saint Jean Vélimirovitch)

Soyez joyeux dans l’espérance, patients dans la détresse, persévérants dans la prière. Soyez solidaires des saints dans le besoin, exercez l’hospitalité avec empressement. Bénissez ceux qui vous persécutent ; bénissez et ne maudissez pas. Réjouissez-vous avec ceux qui sont dans la joie, pleurez avec ceux qui pleurent. Soyez bien d’accord entre vous : n’ayez pas le goût des grandeurs, mais laissez-vous attirer par ce qui est humble. Ne vous prenez pas pour des sages. Ne rendez à personne le mal pour le mal ; ayez à cœur de faire le bien devant tous les hommes. S’il est possible, pour autant que cela dépend de vous, vivez en paix avec tous les hommes. Ne vous vengez pas vous-mêmes, mes bien-aimés, mais laissez agir la colère de Dieu, car il est écrit : A moi la vengeance, c’est moi qui rétribuerai, dit le Seigneur. (Ro12,12-19)

Ne rendez jamais le mal pour le mal. N’oubliez pas que si votre méchanceté est la réponse au mal, alors le mal qui vous est fait s’enflammera d’une flamme vive. Et si nous acceptons humblement l’offense, si nous demandons pardon à notre offenseur, alors nous éteindrons la colère, et alors ce sera ce que dit l’Apôtre Paul : « Ne vous vengez pas vous-mêmes, mes bien-aimés, mais laissez agir la colère de Dieu, car il est écrit : A moi la vengeance, c’est moi qui rétribuerai, dit le Seigneur. » Souvenez-vous de ceci : la vengeance de tout le mal que les gens vous font n’appartient qu’à Dieu. Sa vengeance, c’est Lui qui la remboursera, pas vous. Par conséquent, si votre chagrin est grand à cause de l’insulte, de l’insulte que vous avez reçue des gens, si vous ne parvenez pas à les oublier, alors priez, priez Dieu avec ferveur, dites : « O Seigneur ! Oh Seigneur ! Protégez-moi de mon agresseur. Moi-même, je ne me venge pas : je me souviens que la vengeance est à toi et que tu la rendras. » (Extrait d’une homélie de Saint Luc de Simféropol)

Mais si ton ennemi a faim, donne-lui à manger, s’il a soif, donne-lui à boire, car, ce faisant, tu amasseras des charbons ardents sur sa tête. Ne te laisse pas vaincre par le mal, mais sois vainqueur du mal par le bien. (Ro12, 20-21)

Voyez-vous, dans ce grand douzième chapitre de l’Épître aux Romains, le saint apôtre Paul nous enseigne comment doit être arrangée la vie de la communauté chrétienne, la vie de l’Église, comment doit être organisée la vie de l’Église. Elle doit être basée avant tout sur l’amour, l’amour mutuel ; il devrait y avoir une profonde humilité, selon laquelle personne ne devrait être exalté au-dessus des autres, chacun devrait se considérer pire et inférieur aux autres. Et ce n’est que lorsque ces grands testaments de l’apôtre Paul seront à la base de la vie de la communauté ecclésiale, de la société chrétienne tout entière, que l’Église du Christ, la société chrétienne, sera forte contre tous ses ennemis, contre le diable lui-même et ses anges. Qu’il y ait la paix, l’amour et l’humilité au cœur de la vie de la Sainte Église et de chacun de nous. Amen. (Extrait d’une homélie de Saint Luc de Simféropol)