Chers frères et sœurs,

« Le Christ naît, glorifiez-Le. Le Christ descend des Cieux, allez à sa rencontre. Le Christ est sur la terre, élevez-vous. Que toute la terre chante au Seigneur. Que les peuples le célèbrent dans la joie, car Il s’est couvert de gloire. »

C’est ainsi que pendant les Matines nous chantons, à partir de la fête de la Présentation de la Mère de Dieu au Temple, la venue du Christ. Allez à Sa rencontre ! Elevez-vous ! Car Il est la voie qui mène vers notre destination. Et dans l’Evangile de ce jour nous entendons un appel similaire.

A la lecture de ce péricope nous nous étonnons peut-être des paroles de notre Seigneur Jésus Christ. Il semble si dur dans sa réponse au jeune homme : « Pourquoi m’appelles-tu bon ? Personne n’est bon à part Dieu seul. ». Nous sommes comme pris de compassion pour ce jeune homme : « J’ai mis en pratique tous ces commandements depuis ma jeunesse. ». Mais voilà, le Maître lui répond : « Une seule chose te manque encore : vends tout ce que tu as et distribue l’argent aux pauvres, ainsi tu auras un trésor dans les cieux ; puis viens et suis-moi. » Le jeune homme s’en va tout triste. Cet épisode nous touche parce que d’une certaine manière nous ressemblons tous à ce jeune notable.

 « Pourquoi m’appelles-tu bon ? Personne n’est bon à part Dieu seul. » Le Christ n’est-il donc pas Dieu ? N’est-ce pas cela que l’Eglise nous enseigne ? Oui, certainement, mais le Christ répond à la mesure de celui qui se présente à lui. Il a par avance discerné en ce jeune homme une compréhension superficielle, peut-être chosifiée de la foi en Dieu. Il a discerné une foi « stérile », qui est réduite à une portée morale et légaliste. Une foi où manque le don de soi, le don de soi qui est amour. Est-ce foi alors ?

« Pourquoi m’appelles-tu bon », dit le Christ. Il pose cette question non pas dans le but de nier sa nature divine, mais pour interpeller le jeune notable. Tu m’appelles bon maître, mais comprends-tu réellement l’entendue de ce que tu dis ? Tu dis suivre les commandements de Dieu, mais es-tu réellement sûr de cela ? Es-tu certain que tu as véritablement intégrés ces commandements dans ta vie ? Qui crois-tu que je suis moi ? Qui crois-tu que Dieu est ?

Nous avons vite fait d’oublier Dieu dans notre vie, non pas que nous ne pensons plus à Lui, mais nous réduisons Sa présence, ou plutôt l’acceptation que nous faisons de Sa présence dans notre vie, à un niveau qui nous convient, à un niveau qui ne nous dérange pas trop dans le train-train quotidien de notre vie, à un niveau qui ne nous interpelle pas trop dans notre cheminement sur les voies de traverses, et non sur celle qui nous mènent vers le Christ. C’est un peu comme ajuster le bouton de volume de notre radio. Ce niveau d’acceptation du volume de Dieu c’est pour la jeune notable de l’Evangile le fait de mener une vie honnête. Je ne vole pas. Je respecte mes parents. Je ne commets pas l’adultère.

Mais nous voyons par la parole de notre Seigneur que cela ne suffit pas ! Pour prendre la voie du Seigneur, nous devons nous attacher à Lui, de tout notre âme et de tout notre corps ! Il n’est pas possible de suivre le Christ avec réserve, sans laisser de côté, ou du moins en luttant pour laisser de côté, ce qui remplace la présence de Dieu dans notre vie. Nous devons combattre non pas les éléments extérieurs, mais ce qui à l’intérieur de nous nous éloigne de Dieu. Ainsi, en prenant l’exemple de cet Evangile, ce n’est pas la richesse du notable qui pose problème, mais c’est l’attachement que le notable porte à cette richesse.

Le jeune homme s’en va tout triste ! Est-ce par découragement ? Il se demande peut-être comment il fera sans ses richesses, qu’il n’aura pas la force d’abandonner cela pour suivre le Christ ? N’éprouvons-nous pas le même sentiment quand nous pensons à l’idée d’abandonner nos attachements ?

Et pourtant, il ne faut pas se décourager ! Seul nous ne pouvons rien, mais Dieu peut ! Que notre Seigneur vous bénisse ! Et que les saints nous aident à faire grandir notre amour pour le Seigneur ! Amen

Homélie par p. Laurent

13ième dimanche de Luc