Archiprêtre Dr. Georgios Lekkas
L’événement extraordinaire de la Pêche Miraculeuse (Luc 6, 1-11) a conduit Pierre devant un miracle encore plus grand, le Miracle par excellence, qui est l’existence même du Seigneur Jésus-Christ. Devant le Seigneur, Pierre est saisi d’une crainte profonde, prenant conscience de la distance qui le sépare du Dieu humble et tout-puissant. Mais Pierre ne reste pas dans cet état de crainte, il va plus loin : il transforme le vertige de la crainte devant la révélation de Dieu en vertige de repentance. Il se condamne lui-même à l’enfer – comme nous l’a enseigné Saint Silouane – et le Seigneur Jésus-Christ lui ouvre immédiatement les portes du paradis. La repentance de Pierre est immédiatement récompensée par son avancement spirituel, passant de pêcheur à pêcheur d’hommes et au premier des Apôtres.
La repentance devant le Dieu humble et tout-puissant est l’expérience kénotique par excellence. L’homme qui se tient en repentance devant Dieu prend conscience de son indignité, voit l’obscurité de ses passions l’envahir, réalise son insignifiance, se déteste pour son état pitoyable, comprend qu’il accable toute la Création de ses passions, pleure comme s’il était le pire pécheur du monde entier puisqu’il ne connaît personne aussi bien que lui-même, mais ne perd pas sa foi dans le Seigneur. L’homme qui crie dans la repentance pousse un cri depuis l’Enfer qui atteint le Paradis. En réalité, l’homme qui, dans son repentir, crie humblement vers le Seigneur, tend la main vers Dieu, qui, dans le Saint-Esprit, a déjà tendu la Sienne pour le sauver avant même qu’il ne soit né.
L’homme qui se repent émeut immédiatement Dieu, car Dieu reconnaît dans son repentir la mobilisation de sa liberté. Dieu nous a créés pour que nous restions librement au Paradis et il souhaite que nous retournions librement à celui-ci. Nous n’avons pas un Dieu sadique qui nous inflige des souffrances pour nous punir parce que nous Le rejetons. Au contraire, nous sommes nous-mêmes la cause profonde de nos souffrances tant que nous persistons à vivre comme si le Dieu Trinitaire n’existait pas. Mais il arrive un moment où chacun d’entre nous fait librement un petit pas décisif dans la repentance vers le Seigneur, et alors Il nous fait immédiatement sentir Sa présence : Il parle doucement dans notre cœur, Il nous donne Sa paix et Son amour, Il nous inspire à servir Ses frères, Il nous donne la joie de la « Joie avant les siècles » de Son Esprit Saint, Il nous permet de nous ouvrir les uns aux autres comme si nous nous connaissions depuis toujours, Il nous réconforte dans les moments difficiles et chaque jour, Il nous sanctifie davantage.
L’homme qui se repent se livre entièrement au Seigneur et désormais chaque instant de sa vie est une surprise, car le Dieu vivant, infiniment inventif dans sa bonté pour nous sauver, ne se manifeste jamais deux fois exactement de la même manière, et aussi parce que l’homme qui se repent profondément n’est jamais le même homme qu’il était hier. La repentance est comme un tango à deux, et lorsque celui qui se repent se laisse emporter par la danse tourbillonnante avec le Dieu qui nous fascine, comme Pierre, chaque tourbillon de la danse devient une étreinte destinée à accueillir d’autres personnes, une étreinte destinée à accueillir tout le monde, afin que personne, si possible, ne manque la fête éternelle du Royaume du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. AMEN.
Dimanche Luc I, 28.9.25.
