Nous entendons aujourd’hui l’appel que notre Seigneur Jésus Christ adressa à Matthieu, précédemment appelé Lévi. Avant que Jésus s’adresse à lui, Matthieu était publicain, un collecteur d’impôt autorisé par contrat avec l’autorité civile à collecter les taxes. Cette fonction était fort impopulaire et méprisée par le peuple juif, et associée à un état de pécheur. Jésus Christ, pourtant, s’approche de Matthieu, l’invite à le suivre, et en fait un de ses disciples. Aucunement, à la différence des pharisiens qui expriment leur incompréhension, Jésus en rougit, ainsi que nullement il a rougi d’entrer en dialogue avec la Samaritaine au puits de Jacob ou de s’inviter chez un autre publicain, Zachée.

Jésus, le Maître de Jérusalem, le Christ, le Fils de Dieu, approche les hommes avec des critères différents que les hommes utilisent en général entre eux. Son critère principale est celui de l’Amour. Amour qui ne se fie pas aux apparences. Amour qui voit au-delà du voile tissé par nos péchés et passions. Amour qui va droit au cœur de la personne. Amour qui sait bien que chaque homme, quel que soit son état de péché, a en lui la possibilité de retourner vers Dieu. Et donc, en sa bonté, Il cherche, nous dit Saint Jean Chrysostome, de toutes sortes de voies pour sauver les hommes: les uns en leur parlant, les autres en guérissant leurs maladies, les autres en les reprenant, et les autres en mangeant avec eux. Il veut ainsi nous apprendre qu’il n’y a point ou de temps, ou de condition où nous puissions ne pas nous convertir.

En cela Il s’expose. Il s’humilie. Il prend notre chair.  Lui l’Un de la Trinité, Il vit l’abomination de la Croix et de la mort et la descente aux enfers. Sa Miséricorde, fruit de Son Amour pour nous, s’exprime ainsi par le plus grand des sacrifices. Pour Matthieu et pour tous les hommes. En reprenant la parole du prophète Osée, « J’aime mieux la miséricorde que le sacrifice », Il prend le soin d’expliquer cette réalité aux pharisiens. Accomplir les prescriptions cultuelles est une chose, mais accomplir le sacrifice authentique, c’est-à-dire le don de soi par miséricorde pour autrui, est une toute autre chose.

Dans le regard que nous posons sur autrui nous devons donc nous souvenir du regard que Jésus posa sur Matthieu et par extension du regard que le Seigneur pose sur chacun d’entre nous.