Saint Silouane l’Athonite dit que nous ne sommes pas chrétiens si nous n’aimons pas nos ennemis. A plus forte raison, alors , nous ne sommes pas chrétiens si nous ne remercions pas Dieu pour ses bienfaits envers nos amis !

L’Esprit Saint repose sur l’homme quand il souffre avec ses ennemis et ses amis, et encore plus quand il se réjouit de la joie de ses amis comme de ses ennemis. Un abîme nous sépare donc de l’humble amour du Christ si nous ne pouvons même pas nous réjouir de la joie de nos amis.

Chaque fois qu’une personne souffre, c’est un membre de notre corps qui souffre, puisque nous sommes tous appelés à être membres du corps du Christ et nous sommes tous faits « à son image ». Ainsi, de la même manière, chaque fois qu’un autre être humain se réjouit, c’est un membre de notre corps qui se réjouit. Comment est-il possible, alors, que nous n’ayons pas mal quand notre corps a mal et que nous ne nous réjouissions pas quand il se repose ?

Si nous ne pouvons pas nous réjouir de la joie des autres, ni même nous attrister avec eux, c’est que nous sommes si excessivement repliés sur nous-mêmes qu’il ne nous est pas permis de ressentir en nous ni la joie ni la tristesse de Dieu pour chaque personne et pour tous.

L’Esprit Saint, qui aime tous, nous unit à tous, à ceux qui se réjouissent comme à ceux qui souffrent, si seulement nous restons ouverts à son amour qui nous enveloppe en tout et pour tout. Quand on reste ouvert à l’amour de Dieu, il veut que tout le monde se réjouisse pour qu’il puisse se réjouir avec tout le monde, mais aussi qu’il ait de la compassion pour tous ceux qui souffrent pour que tous ceux qui souffrent puissent souffrir, si possible, un peu moins.

Chaque Divine Liturgie constitue idéalement une synergie de tous où chacun vit à travers les autres et tous. Dans chaque Divine Liturgie, et selon le degré d’humilité de chacun, chacun de nous est appelé et peut accueillir en lui tout et tous à l’image du Dieu trinitaire qui nous embrasse tous.

Celui qui se laisse donc être travaillé spirituellement par la Divine Liturgie est le chrétien qui, jour après jour, apprend à se faire petit pour grandir, à se vider pour se remplir, à souffrir pour se réjouir, à mourir pour ressusciter.

Chrétien ou non, qui, comme le chef de la synagogue dans l’Evangile d’aujourd’hui, ne regrette pas dans la douleur et ne se réjouit pas dans la joie des siens et des autres, oblige l’Esprit Saint à trouver des voies alternatives pour l’unité dans le monde et choisit pour lui-même l’ultime pédagogie, qui est de s’abandonner à soi-même.

C’est-à-dire que celui qui ne remercie pas Dieu pour la joie des autres et n’implore pas sa miséricorde pour tous comme pour lui-même, choisit pour lui-même la douloureuse pédagogie d’apprendre qu’il n’est absolument rien sans les autres et sans le Dieu qui nous fait vivre tous.

Dieu est désolé de nous voir souffrir, mais il permet même que nous souffrions afin que des voies alternatives pour l’unité de tous puissent être créées à travers nos malheurs.

Dimanche de la Femme Toute-Courbée, 4.12.22

Par l’ archiprêtre Dr. Georgios Lekkas