Par l’Archiprêtre Dr Georgios Lekkas.

Tous les dix lépreux ont été guéris, mais un seul d’entre eux a été sauvé.

Le passage de l’évangile d’aujourd’hui parle de différents degrés de foi. Il y a la foi qui nous réconforte dans une difficulté particulière, mais il y a aussi la foi qui nous sauve.

Les dix lépreux ont eu la foi de crier d’une seule voix : « Seigneur, aie pitié de nous. » Tous les dix lépreux ont eu la foi de faire ce que le Christ leur a dit de faire et de prendre la route pour aller se présenter aux prêtres et ainsi retrouver leur santé physique en se dirigeant vers eux.

Mais un seul a eu la foi de retourner remercier Dieu aux pieds de son Fils, et c’était un Samaritain, pas un Juif, prophétisant ainsi que le Christ serait plus glorifié chez les Gentils que dans le lieu où il est né.

C’est la foi du Samaritain qui l’a poussé à se comporter comme un fou et à crier à haute voix pour louer Dieu et le remercier aux pieds de son Fils. C’est la foi du Samaritain qui l’a poussé à sortir des limites de son conformisme social et à se comporter comme s’il n’y avait personne d’autre dans ce monde que lui et Dieu.

Il y a une foi qui nous fait demander la miséricorde divine, il y a une foi supérieure qui nous fait louer Dieu et le remercier, il y a une foi encore plus élevée qui nous fait aimer Dieu de toutes les forces de notre cœur, et il y a une foi encore plus élevée  – qui n’est pas mentionnée dans l’évangile d’aujourd’hui – qui nous fait vouloir souffrir pour Dieu, comme l’était la foi des Saints Martyrs.

En vérité par le remerciement et la louange, l’âme entre dans une relation avec Dieu supérieure à celle qu’elle entre par la demande de Sa miséricorde. En effet, celui qui demande la miséricorde de Dieu est généralement encore sous l’emprise d’un besoin personnel, tandis que celui qui rend grâce a déjà découvert le mode de vie des Saints Anges qui vivent pour glorifier le Seigneur.

Tous les dix lépreux ont été guéris, mais un seul a été sauvé car lui seul semble avoir l’expérience de la raison pour laquelle les Saints Anges et lui-même ont été créés.

La joie que l’on reçoit par les remerciements et les louanges sincères à Dieu peut même être si grande que l’on peut vouloir remercier et louer Dieu même dans son malheur.

Dans nos vies, la joie et la douleur se succèdent. En effet, la joie spirituelle précède et souvent est suivie d’une douleur correspondante. En fait, plus la joie spirituelle est grande, plus grande est en général la douleur qui la suit. Saint Silouane a écrit que la douleur de la Sainte Vierge Marie pour la Crucifixion de son Fils est incompréhensible pour nous parce que l’amour dans l’Esprit Saint qu’elle avait pour son Fils nous est incompréhensible.

L’amour que l’Esprit Saint donne au vrai croyant est toujours plus grand que toute douleur qu’il subit, et plus sa douleur est grande, plus l’amour que lui accorde l’Esprit Saint est grand. Le vrai croyant apprend ainsi à aimer même sa douleur, car il se rend compte que la douleur est le moyen d’aimer encore plus Dieu et tous les hommes.

L’ingratitude des neuf lépreux juifs est une manifestation de leur foi infirme. Que la foi du lépreux samaritain devienne ainsi notre propre foi, afin que nous puissions remercier Dieu sans cesse pour ses bienfaits, même au milieu de nos calamités.

Dimanche de dix lépreux, 15.1.2023.