Bonne fête à vous tous !

En ce jour de la fête de la Dormition de la Mère de Dieu, il est bon de s’arrêter un instant sur le mystère que représente la Mère de Dieu, mystère qui fait partie de la vie intérieure de l’Eglise, mystère qui est intimement lié au mystère de l’Incarnation du Verbe de Dieu. De la vie intérieure de l’Eglise, car le mystère de la Vierge Marie fait partie de la Tradition vivante de l’Eglise, de son expérience doublement millénaire, et du vécu d’innombrables chrétiens. Une compréhension qui se limiterait à l’aspect scripturaire passerait à côté d’une bonne part de ce mystère. On ne pourrait alors prier et chanter « Très Sainte Mère de Dieu, sauve-nous ».

« Marthe, Marthe, tu t’inquiètes et tu t’agites pour beaucoup de choses. Une seule chose est nécessaire. Marie a choisi la bonne part, qui ne lui sera point ôtée. » (Lc 10,42)

Est-ce étonnant cette grande discrétion de la Vierge Marie dans les écrits du Nouveau Testament ?   Non, car d’une part le mystère de la Mère de Dieu ne peut être compris qu’en relation avec le Christ, et d’autre part, c’est justement dans sa transparence à Dieu, si je peux l’appeler ainsi, qu’elle a réalisé sa pleine humanité. Les paroles citées de l’Evangile de ce jour s’adressent à la sœur de Marthe, mais l’Eglise a discerné dans la Mère de Dieu l’application la plus parfaite de ces paroles. Dans le silence et l’obéissance, à l’écoute de la Parole de Dieu, elle a pris la meilleure part. La Mère de Dieu a réalisé la « plénitude d’humanité qui est en Christ »[1]. En elle l’adage « Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu » c’est accompli. « Elle est la réponse humaine parfaite à l’amour de Dieu. », dit saint Dumitru (Staniloae), pour ensuite continuer, « nous ne pouvons pas séparer Marie de nous et la mettre sur le même plan que le Christ. Elle est sur le même plan que nous et c’est pourquoi elle peut tellement nous aider : elle montre ce que peut réaliser un être humain en usant de sa liberté pour épouser la volonté divine »[2].  Issue de la race de David, portant la marque du péché qui pèse sur le genre humain depuis la chute, elle est solidaire de tous les hommes. C’est pour sa fidélité à Dieu que l’Eglise la vénère, fidélité inconditionnelle et librement vécue. « En Marie, l’amour entre Dieu et l’humanité, par la femme, amour pur de tout besoin, a reçu comme réponse de la part de Dieu le plus grand témoignage sensible et éternel de son amour : l’incarnation du Fils de Dieu. »[3].

« Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui la gardent! » (Lc 11,28)

Notre vie spirituelle, et par extension toute notre vie, doit être à faire la volonté de Dieu. Or nous nous dispersons par notre volonté propre en une multitude de désirs, d’occupations, de soucis et de pensées. La Vierge Marie nous montre pourtant la voie pour arriver à faire la volonté de Dieu : il faut en premier lieu écouter la parole de Dieu. C’est ce qu’elle a fait tout au long de sa vie terrestre : Être à l’écoute du Seigneur, et ensuite agir en conséquence. Le Christ nous a donné l’Eglise par la descente du Saint Esprit pour partager et faire entendre la Parole de Dieu. C’est à travers Elle, en premier lieu, que le Seigneur nous permet d’écouter sa Parole.

« En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui écoute ma parole et croit à celui qui m’a envoyé a la vie éternelle et n’est pas soumis au jugement, mais il est passé de la mort à la vie. » (Jn 5,24).

Par la fête de la Dormition nous entrevoyons le but de tout notre vie, c’est-à-dire arriver à l’union, à la communion avec Dieu et l’ensemble du Corps de l’Eglise. En la Mère de Dieu ce dessein a été réalisé, elle est ainsi notre plus grand secours auprès du Seigneur !

Très sainte Mère de Dieu, prie pour nous et guide nous dans une meilleure écoute de la Parole de Ton Fils !

Amen

p. Laurent


[1] Marc-Antoine Costa de Beauregard, Dumitru Staniloae “ose comprendre que je t’aime », Les Editions du Cerf, Paris, 2009, pag.181

[2] Ibid. pag.182

[3] Ibid. pag.186