Par l’Archiprêtre Georgios Lekkas

Selon Matthieu, le Seigneur a commencé sa prédication sur terre immédiatement après l’arrestation de Jean en reprenant les paroles de ce dernier : « Repentez-vous, car le Royaume des Cieux est venu.  » La prédication de Jean a conduit à sa décapitation et l’auditeur de la Sainte Bible est invité à faire le lien entre Jean et le Christ : Le Christ, qui a utilisé les mots de Jean pour commencer sa prédication, a eu finalement le sort de ce dernier. La raison pour laquelle Jean et le Christ ont suscité la haine des Pharisiens et pourquoi ils ont tous deux connu une fin de martyr nous est expliquée de manière exemplaire dans le Commentaire sur l’Évangile de Jean de Saint Cyrille d’Alexandrie. Voici ce qu’il écrit : «Car ils(=les Pharisiens) avaient bien entendu : Je suis la voix de celui qui crie dans le désert : Préparez la voie du Seigneur ; mais ils n’avaient pas accueilli cette parole et préféraient se laisser aller aux reproches, disant : «Εt toi ! Rien en toi n’est digne de foi, rien n’est admirable ni grand. Finalement, pourquoi baptises-tu ? Pourquoi, devant un si grand évènement, fais-tu quelque chose d’absolument insignifiant ?». C’était la une habitude des pharisiens impies, que de minimiser celui qui était déjà la et feindre en revanche d’honorer celui qui devait venir ; car pour s’occuper sans relâche de recueillir des honneurs de la part des juifs et se fournir a eux-mêmes le moyen d’être riches, ils ne veulent trouver remarquable personne d’autre. C’est ainsi qu’ils ont tué même l’héritier en disant : Venez, tuons le et emparons-nous de son héritage !» . (Saint Cyrille d’Alexandrie, Commentaire sur Jean, Livre I, CERF, Sources Chrétiennes, vol : 600, p. 599). Les Pharisiens ont donc tué le Christ, selon Cyrille, pour la même raison qu’ils ont laissé Jean entre les mains d’Hérode : Par arrogance. Que feraient-ils de Lui, un Dieu aussi vulnérable qu’eux, et même plus vulnérable qu’eux, puisque contrairement à eux, Il refuse de se défendre? Que feraient-ils d’un Dieu qui s’est fait homme comme eux et qui, malgré ses miracles, est aussi homme qu’eux ? Ils décident donc de tuer ce Dieu si vulnérable afin de pouvoir être dorénavant et à jamais adorés comme des dieux à la place du vrai Dieu. Cyrille nous permet ainsi de considérer à quel point les Pharisiens ont répété sans s’en rendre compte la chute de Lucifer dans le Paradis. En effet, chaque fois que nous déprécions l’autre, nous répétons en nous-mêmes la chute de Lucifer. Il existe ainsi un critère infaillible pour discerner si nous sommes avec Dieu ou si nous travaillons pour des forces opposées : Lorsque nous sommes avec Dieu, l’humble Esprit Saint nous fait considérer tout le monde comme notre supérieur et nous pousse à adorer notre Seigneur Jésus-Christ aux pieds de tous sans exception. Au contraire, lorsque des forces opposées dominent en nous, nous jugeons tous inférieurs à nous et nous nous réjouissons d’être encensés et adorés par tous. Nous sommes avec le Christ, alors, chers frères et sœurs, quand, contrairement aux Pharisiens, nous voulons l’humble Esprit Saint, car là où Il est, c’est la Paix, la Joie, l’Amour, la Lumière, la Vie et la Résurrection. Amen. [Dimanche après l’Epiphanie 14.1.24]