Homélie de l’Archiprêtre Dr. Georgios Lekkas

Il faut de la foi pour supplier Dieu, encore plus de foi pour se souvenir de revenir Le remercier, et encore plus de foi pour Le louer et, en fait, louer sans cesse son Saint Nom.

La foi qui sauve n’est pas celle qui nous pousse à supplier Dieu lorsque nous sommes confrontés à une épreuve telle que la maladie des dix lépreux ; c’est plutôt celle qui nous pousse à nous tourner vers le Seigneur pour Le remercier et encore plus pour louer son Saint Nom lorsque le miracle s’est accompli pour nous.

En effet, si la pression de la difficulté à laquelle nous sommes confrontés peut nous inciter à nous tourner vers le Seigneur, lorsque notre foi fait défaut, nous avons tendance à attribuer le miracle accompli en notre faveur à des causes naturelles plutôt qu’à l’intervention surnaturelle de Dieu. Ainsi, même si nous demandons un miracle et qu’il nous est accordé, nous manquons souvent de la foi nécessaire pour l’accepter avec humilité et rendre grâce au Seigneur.

Les difficultés que nous rencontrons et les miracles qui s’accomplissent pour nous ont pour seul but de restaurer notre relation avec Dieu. Et oui, la demande que nous Lui adressons dans notre heure de difficulté ouvre le canal de communication avec Lui qui, souvent, produit le miracle, mais si, par manque de foi, nous ne revenons pas après le miracle pour Le remercier, le canal de communication avec Lui est interrompu et notre salut est en danger, comme dans le cas des neuf lépreux qui, après le miracle que le Seigneur a accompli pour eux, ne sont pas revenus pour Le remercier.

Parce que l’action de grâce exige plus de foi que la pétition, elle nous place dans une relation plus profonde avec le Seigneur que la pétition. En fait, lorsque l’action de grâce est profonde et sincère, elle nous conduit à une forme de prière encore plus élevée, celle de la louange. L’action de grâce est donc le lien explicite ou implicite qui assure le passage harmonieux de notre prière du « Seigneur prends pitié » au « Gloire à Dieu ».

La foi et la prière sont toutes deux des dons du Dieu Très Saint, mais le type de prière que nous faisons dépend généralement du degré de notre foi. Notre vie spirituelle oscille comme un pendule entre « Seigneur, prends pitié » et « Gloire à Dieu », en passant toujours par l’action de grâce. Si le « Seigneur, prends pitié » est notre mouvement vers le bas, là où se trouve notre Hadès, l’action de grâce et plus encore la louange est le mouvement de notre âme vers le haut, là où se trouve le Ciel. La tradition hésychaste de notre Église insiste cependant sur le fait que la joie de l’ascension dépend de la douleur de la descente dans l’Hadès du repentir.

Une âme qui commence à être adoucie par ce mouvement du pendule d’un bout à l’autre est déjà sur la voie du salut. En effet, lorsque sa relation avec le Dieu vivant s’approfondit chaque jour par la supplication, l’action de grâce et la louange, il arrive un moment où sa demande au Seigneur n’est plus la suppression des difficultés auxquelles elle est confrontée, mais comment faire en sorte qu’à chaque instant il aime, plaise et glorifie encore plus le Seigneur. Cette vie c’est le Paradis.

 Évangile selon St Luc, Dimanche XII, 21.1.24.