Homélie de p. Laurent, 29/01/2024, dimanche de Zachée

Chers frères et sœurs,

C’est dans quelques semaines seulement que nous entrerons dans la période du Triode. Et pourtant aujourd’hui, avec l’Evangile de Zachée, l’Eglise commence à nous préparer au Grand Carême, Grand Carême qui va nous emmener vers la Fête des Fêtes, la Pâques du Seigneur. L’Eglise a le souci de nous faire entrer graduellement dans le Carême, en nous préparant par des lectures qui veulent nous inspirer à un retour ascensionnel vers Dieu.  Selon le nombre de dimanche entre la Théophanie et le début du pré-carême (avec le début proprement parlé du Triode), plusieurs péricopes sont disposés sur notre chemin, comme celui de Zachée et de la Cananéenne. Le récit évangélique que nous lisons aujourd’hui est ainsi une invitation au repentir et à la conversion, et ceci par la miséricorde divine, une invitation qui nous est adressée personnellement car derrière le personnage biblique de Zachée, nous sommes tous Zachée.

Nous débutons la prière anaphorique avec le célébrant qui dit à haute voix : « Elevons nos cœurs », et l’assemblée des fidèles qui répond : « Nous les avons vers le Seigneur ». Disons-nous ces paroles de façon automatique, ou percevons-nous à chaque Liturgie l’importance de ce mouvement ascendant vers le Seigneur ? Comment élever nos cœurs vers le Seigneur, afin que comme Zachée, il nous regarde perchés sur le sycomore et qu’Il s’invite chez nous ? Comment élever nos cœurs afin que nous devenions des dignes réceptacles de Sa grâce ? Comment surpasser notre petite taille spirituelle afin de devenir véritablement conscient de toutes les grâces que Dieu dispose pour nous ?

Zachée monte dans un sycomore pour apercevoir le Seigneur. Cette montée dans le figuier est remplie de sens. En montant au sommet il cherche un moyen à se mettre sous le regard de Dieu. Il passe par-dessus les figues représentant ici le plaisir et la douceur des passions. Il se détache des moqueries des hommes. Il laisse de côté sa condition terrestre d’homme riche et puissant. Il se rend fragile, il quitte le confort de sa position. La montée dans le sycomore est ainsi une matérialisation de son acte de repentir, de sa volonté de retourner vers Dieu. Ainsi il élève son cœur, ‘élevons nos cœurs’, afin d’être en mesure de contempler le Christ.

Et là, c’est extraordinaire, nous voyons que ce n’est pas lui qui voit le Christ ! Serions-nous capables de notre propre volonté de voir le Christ ? C’est le Christ qui se présente à Zachée, c’est le Christ qui élève les yeux vers nous quand il voit en notre cœur cette volonté d’aller vers lui, quand il voit en notre cœur l’esprit de repentance. Le fait que Zachée n’aperçoit pas le Christ avant que Celui-ci lui adresse la Parole est important :  C’est par la miséricorde divine que tout effort de l’homme reçoit son utilité.

Dans l’ascension de l’arbre Zachée fait preuve de repentance, et, en l’invitant à descendre, le Seigneur l’invite à l’humilité. Zachée, en répondant positivement à l’appel du Seigneur, devient ainsi fils d’Abraham, car à la suite d’Abraham, avec foi et dans l’obéissance, il quitte son pays natal, c’est-à-dire son ancienne vie, son ancienne condition, pour une vie en Christ. Ses anciennes richesses, l’argent, le pouvoir, sa condition dans le monde, perdent leurs importances, car voici que le Seigneur s’invite dans sa maison.

Ainsi, l’Eglise nous invite à préparer dûment l’entrée dans le Grand Carême. Il peut ainsi être une habitude de se préparer à la Sainte Communion peu de temps avant la Pâques, mais il est certainement encore mieux et d’une grande utilité spirituelle de le faire également à l’approche et pendant le Grand Carême. Le Grand Carême prendra une dimension supplémentaire si chacun d’entre nous, chaque membre de notre paroisse, se prépare selon ses forces afin que nous puissions essayer et œuvrer ensemble à faire la traversée du désert du Grand Carême vers la Pâque en étant non seulement unis socialement, si je peux le formuler ainsi, mais encore plus en communion spirituelle et eucharistique tout au long de la sainte quarantaine. Encourageons-nous. Pallions aux faiblesses les uns des autres. Prions les uns pour les autres. Et prions ensemble à tous les saints afin qu’ils nous illuminent dans ce combat.

Amen