Homélie de p. Laurent, Parabole des Talents

Les biens que Dieu nous donne en partage sont abondants, et très divers. Il y a les dons naturels, ce sont les dons que le monde entier reconnait : la santé, la richesse, l’intelligence, etc. Ces dons-là sont au service des autres dons qu’Il nous fait, les dons que tout le monde ne reconnaît pas, c’est-à-dire les dons spirituels. La grâce de la foi, de Son amour, de la charité. Il nous a fait don, une fois pour toutes et pour tous de Soi-même par l’Incarnation du Verbe de Dieu. Il nous insuffle la Vie encore et toujours par la présence vivifiante du Saint Esprit. Il nous donne l’Eglise. Il nous donne les saints. Il nous donne les saints sacrements. Il nous donne notre prochain. Ou, tout simplement, en conclusion, Il se donne Lui-même à nous tous. Mais que faisons-nous des grâces reçues ? Sommes-nous en train de doubler la somme reçue, ou sommes-nous en train d’enfouir toutes ces grâces, non pas dans la terre, mais dans les ténèbres de notre égo et de la justification de soi ? Sommes-nous, pis encore, tout simplement en train de dilapider les grâces reçues ?

Le dernier, celui qui a enfoui son talent dans la terre, commet la même faute qu’Adam et Eve au Paradis. Après avoir désobéi et goûter à l’Arbre de la connaissance du bien et du mal, rappelez-vous, que font Adam et Eve ? Ils se cachent, ils essaient d’échapper au regard de Dieu. Que fait Dieu ? Il sort les chercher. « Où es-tu Adam ? » Et Adam de répondre : « Je t’ai entendu dans le jardin. J’ai eu peur, car je suis nu, et je me suis caché. » « Qui t’a appris que tu étais nu, demande le Seigneur Dieu ; aurais-tu mangé du fruit de l’arbre que je t’avais défendu de manger ? » Adam réplique : « C’est la femme que tu m’as donnée pour compagne ; c’est elle qui m’a donné ce fruit, et j’en ai mangé. »

Elle est là l’apogée de la Chute, il est là le véritable drame de l’homme. Adam accuse Dieu de sa propre défaillance ; de son péché ; de sa désobéissance ; de sa négligence. C’est la femme que tu m’as donné qui est la cause de mon péché ! Dans la suite nous voyons Eve faire la même chose ! C’est toi Dieu qui m’a fait chuter car tu as permis au serpent de m’approcher.

En cette parabole le Seigneur nous montre que devant nos propres défaillances, devant nos propres péchés, devant notre incapacité à faire fructifier les dons du Seigneur, nous ne pouvons pas nous réfugier dans l’accusation de notre Seigneur et Dieu, nous ne pouvons pas tomber dans l’accusation de notre prochain, nous ne pouvons pas nous cacher derrière les circonstances de la vie, nous ne pouvons pas chercher à nous justifier. Non, l’attitude que nous devons avoir, est celle du repentir. Seigneur, tu m’as comblé de grâces, mais par mes attachements aux choses de ce monde, par l’exaltation de mon égo, j’ai été négligent à faire fructifier tes grâces. J’oublie de Te faire vivre en moi. Sois-moi miséricordieux. Purifie-moi. Aie pitié de moi.

En peu de choses tu as été fidèle, sur beaucoup je t’établirai. Il n’y a pas de place pour le désespoir. C’est par des toutes petites choses que nous allons faire croître les dons du Seigneur, par une succession de petites actions à la gloire de Dieu. C’est comme quand on plante une petite graine pour son potager. D’abord, en hiver, au chaud, dans la maison, avec des petits soins, un peu d’eau. Avec patience une petite pousse grandit qu’ensuite on peut déplanter à l’extérieur dans un petit coin de soleil. Nous enlevons quelques mauvaises herbes, nous mettons un peu d’eau quand il ne pleut pas. Et nous voyons que le soleil et la pluie nous aide à ce que la petite graine devienne une plante qui porte des fruits.