Par l’Archiprêtre Dr. Georgios Lekkas
La hardiesse est le point commun entre Joseph d’Arimathie et les Myrophores évoqués dans le passage de l’Evangile de ce dimanche. Dans le climat hostile de l’époque vis-à-vis des partisans de Jésus, Joseph a eu le courage, au risque d’être expulsé de la Synagogue, de demander à Pilate le corps du Seigneur pour l’ensevelir, et les Myrophores ont eu le courage de se rendre avant le lever du soleil, au risque de leur vie, au tombeau gardé pour parfumer le corps mort de Jésus.
L’amour nous rend hardis et prêts à sacrifier jusqu’à notre vie pour ceux que nous aimons. La hardiesse de celui qui aime ne prouve pas un manque de prudence mais le fait que l’on se met volontairement en péril pour servir une cause que l’on considère plus importante que sa propre vie. Celui qui aime et met en risque sa vie par amour, d’une manière ou d’une autre, sait au fond de lui-même que sa vie ne finit pas avec sa mort. Dans l’audace de l’amoureux, qui est prêt à sacrifier sa vie par amour, il y a donc une quête d’amour éternel avec la personne qu’il aime.
C’est l’amour spirituel pour le Christ qui a donné aux Apôtres le courage de prêcher l’Évangile jusqu’aux extrémités de la terre, aux Saints Martyrs le courage de sacrifier leur vie pour ne pas trahir leur foi, et aux Saints Moines et Moniales le courage de sacrifier leur propre volonté pécheresse pour ne faire qu’un avec le Christ. Si l’amour charnel rend quelqu’un audacieux à cause de celui ou celle qu’on aime, l’amour spirituel pour le Christ lui permet de venir en contact avec l’Amour qui est Dieu lui-même, de sorte que non seulement il n’a plus peur de rien, mais qu’il a dès cette vie l’expérience de l’Amour divin éternel et de la Vie divine éternelle.
Quand on aime le Christ, on a un avant-goût de la Résurrection, on se découvre comme étant fait pour vivre éternellement avec Dieu, personne ne lui est désormais étranger et on déteste tout ce qui, en soi, tend à le séparer du Seigneur. Quand on aime le Christ, on se considère comme le pire de tous et on veut être au service de tous, on ne veut pas blesser même la plus petite des fourmis et on a le courage de braver tous les dangers pour que tous connaissent, si possible, le Seigneur.
La hardiesse spirituelle est donc un don de l’Esprit Saint qui permet à l’homme de dépasser l’instinct de conservation et de se confier de tout cœur à l’Amour miséricordieux du Dieu Très Saint. Amen.
Dimanche des Myrophores, 4.5.2025.