Tout au long des Evangiles nous voyons le Christ aller à la rencontre des hommes. A chaque fois Jésus Christ s’adresse à ses interlocuteurs en reconnaissant chacun d’eux en tant que personne à part entière, avec beaucoup de délicatesse, de respect, d’amour. Ces rencontres sont les unes après les autres profondément personnelles, profondément véritables. Il laisse de côté les apparences. Il élève, selon les capacités de chaque personne, les échanges à l’essentiel. Chaque homme compte à ses yeux. Il ne considère pas son peuple, comme peuvent le faire les princes de ce monde, comme une foule d’anonymes. Il n’y a pas d’anonymes parmi les hommes. « Avant que Philippe t’appelât, quand tu étais sous le figuier, je t’ai vu. » Tous, Il nous a vu. Je crois qu’il y a là une part de la signification de l’appel des apôtres. Chacun d’entre eux est reconnu par le Christ comme il est, pleinement. Chaque apôtre préserve son nom. On connait leur nom. Les apôtres ne sont pas devenus une masse anonyme. Il en est ainsi pour l’ensemble de l’Eglise.

Cela signifie quelque chose pour nos propres rencontres.

Si nous analysons nos propres rencontres, nous pouvons observer que trop souvent  nous considérons nos interlocuteurs en fonction de nous-même, à partir de notre propre jugement, à partir des apparences, à partir de nos propres désirs. Nous ne reconnaissons pas à l’autre le droit d’être pleinement lui-même.

Nous n’avons certes pas, de nos propres moyens, la même capacité de discernement que notre Seigneur Jésus Christ. Et ni le même amour. Et pourtant, nous devons porter une attention particulière à nos rencontres. Car, à travers chaque personne que nous rencontrons, le Dieu vivant est présent. A travers mon prochain que je néglige, que je n’écoute pas vraiment, sur lequel je pose un jugement souvent malgré moi, c’est aussi Dieu que je néglige, que je n’écoute pas, que je juge.

Priez sans cesse, nous dit l’Apôtre. N’est-il pas là le cœur de rencontres véritables ? Ne devons-nous pas considérer et approcher chaque échange comme une prière, comme un dialogue avec le Dieu vivant, puisque Dieu est présent à travers chacun d’entre nous ? En étant attentif à notre propre filiation divine ainsi qu’à celle de notre prochain. N’entrevoyons-nous pas alors s’ouvrir à nous un monde nouveau?

Amen